mardi 23 janvier 2007

Hang the DJ

Etant donné la faible teneur des salaires de notre bien belle profession, il n'est guère étonnant que nombre de mes collègues mettent leurs talents à profit dans diverses activités annexes : dessin, écriture, théatre, musique entre autres. On notera au passage que ces à-côtés relèvent généralement du domaine artistique, le bibliothécaire lambda n'étant guère manuel ; couplé à la phénoménale réactivité des services techniques municipaux, ce handicap explique sans doute la panne totale de notre ascenseur depuis maintenant deux mois (série en cours). Pour ma part j'ai récemment choisi de me lancer dans une glorieuse carrière de DJ amateur, qui présente l'avantage d'offrir une rémunération en nature (houblon, orge, eau). Cette courte première expérience ne m'a pas évidemment pas permis de diffuser la moitié des titres que j'avais sélectionnés, mais j'ai pu cependant éviter nombre de plantages répertoriés dans cet excellent ouvrage :




A lire et relire.

lundi 15 janvier 2007

Pitseleh song of the year : Morrissey - Life Is A Pigsty

En 2004 il était revenu tel le Messie, annonçant humblement qu'il avait pardonné à Jesus. Tout à la joie de cette résurrection, on n'avait pas fait les difficiles quant à la teneur du cadeau qui l'accompagnait - You Are The Quarry. Sonorités offensives pour un album certes réussi mais sans véritable chef-d'oeuvre lacrymal made in Moz, seul Let Me Kiss You laissant entrevoir le spectre des larmes passées. Autant dire qu'on n'espérait pas vraiment de miracle quant à la teneur de Ringleader Of The Tormentors, le petit nouveau. Quoique, les premiers titres faisaient plaisir à entendre. Et c'est au milieu de l'album que se produisit l'impensable, l'inconcevable, ce à quoi on ne croyait (presque) plus.

Life is a pigsty

L'orgue surprend et envoute, le piano se fait discret. La voix de Morrissey est d'une gravité inquiétante, elle récite plus qu'elle ne chante. Elle nous parle d'infortunes, d'une personne chère vers laquelle on se tourne. C'est un appel à l'aide d'un blessé dont les profonds sentiments n'ont jamais changé.

I am the same underneath
But this you
...you surely knew ?

2'17
La pluie crépite et se mêle aux sanglots nocturnes. Les paroles se muent en plaintes répétées... et la voix de Morrissey donne brusquement à la chanson une intensité difficilement supportable. Elle monte, supplie, frappe le coeur de serments éternels, appuyée par une batterie dont chaque coup reprend l'auditeur-témoin de volée. Elle prend la souffrance à bras-le-corps, tente désespérément d'y échapper.

I can't reach you
I can't reach you
I can't reach you anymore
Can you please stop time ?

Can you stop this pain ?


Car elle n'y est pas parvenue... A Bruxelles, durant ces minutes d'éternité, mes larmes coulaient sans doute autant devant tant de beauté qu'au souvenir resurgi de douleurs passées que rien ni personne n'avait pu apaiser. C'est cette profondeur, cette gravité, cette intensité qui faisaient depuis trop lontemps défaut aux chansons de Morrissey dont la plume se nourrissait jadis du sang coulant d'un coeur brisé. C'est cette franchise et cette capacité à toucher droit au coeur, à sublimer la tristesse, que j'attendais depuis Late Night Maudlin Street et Speedway. Le temps d'une chanson parfaite, il les a retrouvés.



samedi 6 janvier 2007

Pitseleh album of the year : Camera Obscura - Let's Get Out Of This Country [2006]














Label : Elefant
Indice PCDM : 2.24 - Pop "indie"


S’ils n’ont plus remporté le Tournoi des 6 Nations depuis 1990, les Ecossais se sont depuis affirmés comme l’une des forces majeures de la pop indépendantes. Humilité, sens de la mélodie et harmonies remarquables ont ainsi permis aux Delgados, Orchids et autres Teenage Fanclub de décrocher la timbale en alignant une série de chefs-d’œuvre qui n’ont guère d’équivalent aujourd’hui.

On attendait depuis trois ans des nouvelles de Camera Obscura, après deux albums déjà fort riches en perles (extraordinaire Eighties Fan) qui avaient kidnappé les oreilles de quiconque aimant sa pop bien fignolée et surtout charmante. Charmante est le mot qui vient à l’esprit dès la première écoute de ce nouvel opus, désormais étalon maître de leur discographie et d’une année par ailleurs peu avare en matière de douceurs musicales… Il y a d’entrée ce Lloyd I’m Ready To Be Heartbroken, féerique réponse au Are You Ready To Be Heartbrocken de Lloyd Cole, incroyablement accrocheur, qui se place dans les plus beaux singles de l’année… Puis c’est l’avalanche. Le doux Tears For Affairs et ses airs de bossa, les mélodies enfantines de Come Back Margaret, les larmes acoustiques de Dory Previn, le charme immédiat de Let’s Get Out Of This Country, l’hommage aux girls groups de I Need All The Friends I Can Get… N’en jetez plus, la jolie Tracyanne Campbell a réussi le Grand Chelem ; comme le dit Allmusic, “Picking out highlights is like picking your favorite among your children”. Mais plus qu’une simple collection de symphonies pop chères à Phil Spector, ce disque permet à Camera Obscura de sortir de l’ombre entêtante de Belle & Sebastian tant l’élève parait en mesure de dépasser le maître ; largement supérieur à The Life Pursuit il jouerait plutôt dans la catégorie d’un If You’re Feeling Sinister, celle des albums parfaits et intemporels.


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